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Julien Nouveau, Caroline François-Rubino, « d’ombres, d’eau et de sel »

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« L’histoire que je t’avais demandée, je ne suis pas sûre d’en avoir entendu les premiers mots. Je sais pourtant qu’elle parlait d’un retour de baignade, d’une cascade moins tonnante que prise à dire les chuchots de l’eau. De cette journée qui ne finissait pas de s’épuiser, je n’ai pas même entendu les premiers mots, glissant vers mon sommeil. Pourtant je sais que tu me l’as racontée, plusieurs heures durant, soucieux de ne pas me réveiller ; heureux d’en suivre le cours. Heureux de me savoir endormie, heureux de profiter encore un peu de ce moment de veille, qui précédait celui de notre sommeil.

 

Toi, de pierre, d’eau et d’un peu de sel, moi de vapeurs, de ciel et d’un peu de verre, nous tenions à un fil, à la grâce d’une heure de nuit propice. Un déplacement de lumière, un soleil dur venu contre son heure, un silence encombré sur le pavé de notre ciel, impatient quand nous nous offrions à l’éternité d’un instant, aurait-il suffi à nous rompre. Nous tenions à un fil, ténu mais de fer, immortel, tant que nous le voulions ainsi. »

 

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Julien Nouveau

d’ombres, d’eau et de sel

peinture de Caroline François-Rubino

Lanskine, 2019

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